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samedi 30 juin 2018

Chronique du dimanche 12 septembre 1858.

Chronique du dimanche 12 septembre 1858.


Les développements de l'industrie prennent des proportions telles que bientôt il n'y aura plus rien d'inutile dans le monde; on parviendra à apprêter des serpents pour son repas, et à se faire servir par les souris, qui embarrassent si fort les maisons depuis les démolitions de Paris.
Jusqu'ici on regardait l'ortie comme une plante parasite, ou plutôt comme une plante ennemie, et voici qu'elle se trouve l'une des plus utiles du monde. On a découvert, que ses feuilles fournissent un met délicat, lorsqu'elle est jeune. Plus tard, sa tige fibreuse peut être tissée et faire une très-bonne étoffe. La graine mêlée à la nourriture des chevaux, leur donne une vigueur qui se peint dans l’œil vif et le beau lustre de la peau. La racine, en y ajoutant de l'alun et du sel ordinaire, produit une couleur jaune propre à la teinture. Ainsi, on peut le dire, voilà l'ortie bien réhabilitée.
A Lyon, on vient de trouver le moyen d'utiliser le liège d'une singulière manière. Après avoir réduit cette substance en poudre très-fine, on en fait des matelas, des oreillers, qui, outre le moelleux et l'élasticité de la laine et du crin, ont l'avantage d'être incombustibles, et d'un autre côté de supporter  facilement plusieurs personnes sur l'eau, tenant ainsi leurs maîtres à l'abri de l'inondation et de l'incendie.
Le coton, qui a déjà tant d'utilité, trouve aujourd'hui un nouvel emploi; par d'habiles procédés, ses belles montagnes blanches sont durcies de manière à produire une matière dans laquelle on pourra tailler des statues comme dans le marbre.
En attendant qu'on utilise les loups et les ours, ils jouissent de leur reste sans l'état sauvage. On a remarqué avec étonnement que cette année les loups sortaient des bois dans les beaux jours d'été. Ou ils ont pris de l'audace, ou la fécondité dont on a joui en cette dernière saison leur a donné le désir de la partager.
Au village de Roches-Neuves, en plein mois d'août, les loups ont étranglé et dévoré un énorme chien de garde; à deux pas de là, ils ont fait leur déjeuner de quatre oies grasses dans une basse-cour. Plus tard, ils ont dérobé quelques moutons d'un troupeau pour leur second repas, et n'ont été mis en fuite que par le courage intrépide des bergers.
A Putivil, un ours de la plus belle taille désolait aussi les contrées. Un jour qu'on s'était mis en chasse contre lui, déjà blessé, il n'eut d'autre ressource que de se précipiter dans le fleuve. Les chasseurs s'y jetèrent après lui, et tous nagèrent ensemble vers l'autre rive.
Pourtant, tandis qu'il traversait l'eau, l'animal jetait par instants de terribles rugissements, et il n'atteignit qu'avec peine le bord, sur lequel il monta lentement.
En ce moment, les spectateurs furent bien étonnés de voir qu'il traînait avec lui un énorme poisson du genre silure, lequel lui avait dévoré une des pattes de derrière et le dévorait encore.
Les chasseurs tuèrent alors l'ours et le poisson, le premier du poids de 157 livres, le second de 41.

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La ville de Beaugency possède depuis quelque temps dans ses murs l'inventeur de la crinoline, M. Fristh, qui a fait en peu d'années, avec ces ballons chéris des dames, une rapide et brillante fortune.
Cet inventeur vient d'acquérir le magnifique jardin de l'abbaye, sur lequel il se fait construire une belle habitation. De même que M. Scribe inscrit les vers de ses pièces sur les faces de sa charmante demeure, on pense que la maison bâtie par M. Fristh aura de nombreuses coupoles.

Journal du dimanche, 12 septembre 1858.

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