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lundi 12 mars 2018

Celles dont on parle.

Mme Lina Cavalieri.


Vous dansiez, j'en suis fort aise
Eh bien, chantez maintenant.

Ainsi pourrait parler à la charmante cigale les directeurs-fourmis, en modifiant par une légère variante l'apostrophe du fabuliste.
Lina Cavalieri, en effet, est arrivée à l'Opéra par des voies détournées. Elle fut danseuse, et danseuse de music-hall, avant de se révéler cantatrice. Elle s'est particulièrement fait applaudir dans des danses chantées qu'elle exécutait sur des scènes de second ordre. Mais j'en ai dit assez sur cette époque sans gloire que Mme Lina Cavalieri se plait à oublier et je ne la rappelle que dans l'intérêt de l'histoire.
Ambitieuse et travailleuse, la divette n'ignorait pas les dons qu'elle tenait de la nature. Le café-concert lui servait de gagne-pain, mais elle voulait mieux que du pain et les planches sur lesquelles elle montait n'étaient rien d'autre qu'un marchepied. On va voir où la conduisit ce marchepied.
Elle étudia assidûment le chant avec Mme Mariani-Masi et alla faire ses débuts en 1900 au Théâtre royal de Lisbonne, dans l'opéra des Pagliacci. Elle avait besoin, pour aborder les grandes scènes lyriques, d'une consécration nouvelle. Ils lui auraient ri au nez, le directeur de la Scala de Milan, si elle leur était venue dire: Voulez-vous m'engager pour chanter le rôle de Marguerite de Faust? Je suis Lina Cavalieri, des Folies-Raspail.
Il lui fallait faire ses preuves et conquérir ses brevets sur des scènes de bon ton. Les Portugais lui parurent mériter à cet égard toute sa confiance. Elle choisit leur capitale pour ses débuts en l'appelant avec esprit: Lisbonne à tout faire.



De là, elle alla cueillir des lauriers parmi ses compatriotes, au San Carlo de Naples, dans le rôle de Mimi, de la Vie de Bohème, puis au théâtre impérial de Varsovie, dans les mêmes opéras et dans ceux de la Traviata et de Faust. Enfin, par Ravenne et Palerme, par Gênes et Monte-Carlo, la diva, sacrée grande cantatrice, est arrivée, de succès en triomphe, jusqu'à Paris. Elle nous avait quitté sur un entrechat; elle nous est revenue sur une vocalise.
Ce fut d'abord au théâtre Sarah Bernhardt dans Fedora, qu'elle fit entendre, au cours d'une saison italienne, les accents pleins d'art et de passion d'une voix bien timbrée. Son partenaire n'était rien moins que l'illustre Caruso, qui n'avait pas dédaigné de se montrer au côté de l'ancienne danseuse. Tout récemment, l'Opéra lui-même mettait le comble à sa gloire en lui confiant le rôle de Thaïs qu'elle remplit à la satisfaction des habitués.
L'épreuve est aujourd'hui pleinement terminée: Mme Lina Cavalieri fait de belles recettes. Bien des soirées encore, l'Opéra-Comique et l'Opéra se l'attacheront, et quand sa renommée aura franchi toutes les mers, quand nos maigres budgets ne suffiront plus à ses besoins, la Cavalieri ira faire à son tour la récolte des dollars au Nouveau Continent. Le ciel lui sourit: le prince qui lui donna sa main* peut avoir confiance dans son étoile.

                                                                                                                                     Jean-Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 25 août 1907.

Nota de célestin Mira:

La beauté de Lina Cavalieri était remarquable et l'on prétend qu'elle aurait eu 840 demandes en mariage dont celle de Benito Mussolini. Mais elle n'eut que quatre maris.


Lina Cavalieri.



Lina Cavalieri épousa le prince Bariatinsky qui fut son premier mari.

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