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lundi 25 septembre 2017

L'explosion d'Anvers.

L'explosion d'Anvers.

La formidable explosion d'Anvers s'est produite dans un atelier de démontage de cartouches établi par M. Corvilain près du port. Immédiatement le feu s'est communiqué aux grands hangars contenant du pétrole, de MM. Reith et Cie, et les flammes s'élevaient à plus de deux cents mètres de hauteur. Des éclats de cartouches sont tombés sur divers points de la ville, jusque sur la Bourse, qui était remplie de monde.
Par suite de la commotion, des milliers de vitres ont été brisées.
Des toitures de maisons s'effondraient et des détonations, moins violentes que la première, étaient entendues dans les maisons atteintes.
La fabrique occupait, tant ouvriers qu'ouvrières, vingt-six personnes. Toutes avaient été tuées sur le coup. Il n'est pas resté trace de leurs cadavres; le terrain où s'élevait la poudrerie a été rasé par l'explosion.




Aux environs, des passants avaient été frappés par des projectiles. Dans les maisons voisines, qui avaient pris feu, des femmes et des enfants avaient été comme foudroyés.
Les secours s'étaient organisés rapidement. Les autorités, la police, la gendarmerie étaient sur les lieux. Les prêtres, les sœurs de charité soignaient les blessés, et les troupes transportaient les cadavres à la morgue.
Au bout d'une demi-heure, on avait découvert aux alentours du lieu du sinistre 150 morts et 80 blessés. La plupart des victimes sont des ouvriers.
A la Bourse, une panique s'était emparée des assistants, au moment où la toiture était criblée de projectiles. Il en est résulté une bousculade terrible. Nombre de bras et de jambes cassés. Un jeune homme a été foulé aux pieds et ne s'est pas relevé.
Les hangars de pétrole étant en feu, il ne fallait songer qu'à garantir les bâtiments voisins. Aussi, jusqu'à la nuit, les soixante mille barils de pétrole que contenaient les magasins ont-ils flambé et fait explosion.
Les lignes téléphoniques et télégraphiques passent dans un égout, près de ces hangars. Les fils d'acier ont fondu. Les communications ont été interrompues dans la ville.
Les efforts des pompiers ont été impuissants à combattre ce fléau.
On ne pouvait approcher du lieu du sinistre. A cent mètres de la ligne de feu, la chaleur était telle qu'on aurait été asphyxié.
L'affolement de la population a été extrême.
Le lendemain, le roi Léopold est venu de Bruxelles pour visiter les victimes de la terrible catastrophe.
En signe de deuil, l'administration communale de Bruxelles a contremandé un grand nombre de fêtes annoncées.
Les souscriptions ouvertes dès la première heure par les journaux ont produit déjà une somme considérable.
L'aspect des hôpitaux était horrible. On y entendait les râles des agonisants qui se mêlaient aux hurlements des victimes dont les corps étaient couverts de brûlures profondes.

Le petit Moniteur illustré, dimanche 29 septembre 1889.

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