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vendredi 19 juin 2015

Une lettre de M. Sully Prudhomme.

Une lettre de M. Sully Prudhomme.

Le portrait que nous publions ci-dessous appartient à M. Sully Prudhomme. Il nous a été rapporté par un de nos collaborateurs, avec une lettre que nous avons tenu, on le comprendra, à reproduire également. L'éminent académicien a bien voulu nous y autoriser.
C'est ainsi que nous avons la bonne fortune d'offrir à nos lecteurs, outre l'image du grand homme que la ville de Mâcon fêtait récemment, le précieux commentaire du poète qui pouvait, mieux que personne, comprendre et définir son génie.



Oui! certes, mon cher ami, je mets à votre disposition le beau portrait de Lamartine que Leloir père a dessiné sur le vif et m'a gracieusement donné.
Votre idée de le communiquer à la Revue Illustrée est fort opportune et me sourit beaucoup. C'est un crayon dont l'habile et savant artiste est très satisfait. La ressemblance obtenue est d'autant plus intime qu'il a dû, m'a-t-il dit, la disputer aux accidents parasites de l'âge et la chercher dans les caractères essentiels, dans le type immuable du visage.
Le grand homme, en effet, se sentant immortel, protestait impérieusement contre l'insolence du Temps, dont l'aile se permettait de l'effleurer; il estimait que restituer à ses traits un peu de leur jeunesse perdue n'était point une délicate flatterie, mais bien un acte d'élémentaire probité. C'est ainsi que le public retrouvera dans la Revue Illustrée, tel qu'il le rêve et qu'il fut vraiment, celui des poètes français qui semble avoir, avec le plus d'aisance, imprimé à la musique de ses vers les mouvements de son âme et dont la sensibilité offrit à la Nature, sinon le plus profond, du moins le plus spontané, le plus mélodieux et plus pur écho.

                A vous cordialement.

                                                                                           Sully Prudhomme.

Revue Illustrée, juin 1890-décembre 1890.

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