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lundi 22 juin 2015

La Fête des ânes.

La Fête des ânes.

Les archéologues font remonter au temps des Druides la Fête des ânes; d'autres croient qu'elle rappelle les saturnales: rien ne paraît motiver ces suppositions.
Un manuscrit, dont on ne peut garantir l'authenticité, mais ne portant ni titre, ni signature, rapporte qu'on a donné le nom de Fête des ânes à celle qui se célèbre à Douai, le 1er janvier de chaque année, parce que les chanoines de Saint-Pierre (établis en 1105) chantaient ce jour-là une prose, dont l'antienne se terminait par un chant imitant le braiement de l'âne. Quoi qu'il en soit, cette fête n'avait rien de religieux, bien que les ecclésiastiques y prissent part. Il existe un acte du 1er mai 1476, c'est à dire datant de 400 ans, d'après lequel des fermiers du chapitre de l'église de Saint-Pierre devait fournir un char et des chevaux, pour la célébration de cette fête.
Il paraît que le véritable but de cette solennité était d'entretenir des relations commerciales entre les villes voisines, d'attirer les étrangers, afin que leurs dépenses ajoutassent à la splendeur d'une ville industrielle et florissante par ses manufactures de laine.
" Des acteurs, des bouffons et des histrions, revêtus de costumes bizarres et analogues aux rôles qu'ils devaient remplir, parcouraient les rues sur des chars, le 31 décembre, pour annoncer les sujets qu'ils traiteraient le lendemain.
"Le 1er janvier, ils se rendaient en chariots à l'hôtel de ville, et là, sous les yeux du corps municipal et d'une foule de bourgeois, ils gesticulaient, débitaient des bons mots, des épigrammes, des chansons gaillardes, qui amusaient beaucoup les auditeurs; ils parcouraient ensuite la ville dans leurs chars, et, comme de coutume en Flandre, un repas prolongé jusqu'au jour terminait la fête.
"Ces acteurs, dit M. Plouvain, formaient plusieurs compagnies; la première, des suppôts de l'église Saint-Pierre; la deuxième, des enfants sans-souci, et la troisième des bons compagnons."
La fête fut interrompue le 1er janvier 1491, parce que des créanciers, malgré le respect dû à l'hospitalité, firent saisir leurs débiteurs, lorsqu'ils arrivaient pour participer aux plaisirs de la fête. L'année suivante, aucun étranger ne se rendit à la Fête des ânes. Les bourgeois et marchands à qui les rois Henri III et Edouard II avaient accordé de nombreux privilèges, parce qu'ils conduisaient leurs marchandises en Angleterre, souffrirent beaucoup de cette absence et présentèrent à Philippe le Beau, comte de Flandre, par l'entremise de leurs échevins, une réclamation à ce sujet; le comte, d'après l'avis de son conseil fit publier "que les étrangers seraient en sûreté pendant douze jours, et qu'il les prendrait sous sa protection spéciale".
Cet édit produisit son effet, car, en 1493, il y eut une affluence extraordinaire, et la fête fut plus brillante et plus gaie que jamais. Elle fut abolie en 1668.

                                                                                                                            C. H.

La Mosaïque, revue pittoresque illustrée de tous les temps et de tous les pays, 1878.

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