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jeudi 28 août 2014

La vie humaine.

La vie humaine.

L'ange gardien vient d'apporter sur la terre une forme humaine; l'enfant est dans les bras de la matrone, qui veille aux premiers soins qui doivent lui être donnés, tandis que la mère, les mains jointes, remercie silencieusement Dieu d'avoir accordé une sœur à son fils.






































Les deux enfants grandiront quelques années l'un près de l'autre; ils échangeront leurs premiers sourires et leurs premières paroles; ils s'initieront à la vie, en partageant les peines et les plaisirs de leur âge, jusqu'au jour où l'austère génie des sociétés humaines viendra les prendre par une main, et montrera à chacun d'eux une voie différente;
A toi d'abord, jeune homme, les sérieuses études et les rudes apprentissages! Appelé quelque jour à juger les autres hommes, à prendre part aux affaires de la patrie, à porter le poids des responsabilités publiques et privées, il faut que ton esprit s'éclaire. Va donc recevoir les leçons d'un maître instruit par le travail et l'expérience; écoute avec docilité, médite avec persévérance; ne cherche ni à inventer la vie, ni à recommencer le monde; accepte ce qu'enseigne la sagesse des autres, et laisse ouvrir lentement devant toi les portes du temple au lieu de vouloir l'escalader.
Mais en même temps que tu fortifies ton intelligence par l'étude, fortifie ton corps par l'exercice et ton âme par le courage. La vie est une mêlée où il faut se percer une route. Apprends à te soumettre toutes les forces dont l'homme s'est fait des auxiliaires: que le coursier de guerre t'obéisse, que le fer ne tremble pas dans ta main; qu'on puisse te compter parmi les vaillants, non pour conquérir une gloire inutile, mais pour conserver l'indépendance de ton peuple, pour protéger le faible, pour pouvoir toujours marcher le front haut dans ta voie, armé de ton droit et éclairé de ton devoir!
Tandis que tu te prépares  ainsi à prendre ta place parmi tes semblables, l'enfant qui courait naguère avec toi dans les blés, et qui te tressait des couronnes de bluets, reçoit aussi les leçons de ses aînées.






































Là vois-tu, dans la prairie, occupée à arroser la toile qui blanchit; puis, sous les tilleuls qui ombragent le seuil, filant la laine ou portant au moissonneur le repas qu'elle-même a préparé, tandis que la jeune épouse lit en allaitant son nouveau-né, et lui montre à la fois les devoirs et les douceurs de la maternité?
Mais l'heure du travail est passée. Voici la jeune fille qui, avec sa compagne, traverse la prairie. Elle est pensive; elle effeuille une fleur de myosotis. Derrière elle passe le jeune homme dont lui parle souvent sa mère; il revient de la chasse avec le chien et le faucon, et se retourne pour voir la belle promeneuse. Bientôt les souhaits des parents seront accomplis: réunis sur le même siège et sous la couronne nuptiale, tous deux commenceront la vie que les pères finissent. Déjà les instruments retentissent, les danseurs se croisent joyeusement; car dans cette chaîne de la société humaine, un anneau ne peut tomber sans qu'un autre le remplace: tout se perpétue, se renouvelle, et à côté de chaque tombe se balance un berceau.
Triste spectacle pour l'homme qui retourne à lui et ne cherche que lui-même dans le plan de Dieu! mais consolante assurance pour celui qui se regarde comme une étincelle au foyer commun, et qui ne se croit pas disparu du monde tant qu'il survit dans l'humanité!
Les gravures qui nous ont suggéré ces réflexions reproduisent quelques unes des peintures dont le peintre allemand Bendemann a orné la salle du Trône, au palais royal de Dresde. Elles sont là comme un philosophique avertissement de ce qu'est la vie humaine pour tous. Nous n'avons donné que quelques-unes des compositions du peintre étranger, qui parcourent tous les degrés et tous les incidents du sujet qu'il voulait développer. Les ornements, de style allemand, qui encadrent nos gravures n'existent point autour des peintures originales; elles sont de la composition du dessinateur.
Le palais de Dresde (Schloss) est d'une architecture peu remarquable. Partiellement reconstruit en 1833 et en 1834, il a été menacé d'une nouvelle destruction par les troubles civils de 1849. C'est au rez-de-chaussée de sa cour principale que l'on voit la Voûte-Verte. La salle du Trône est une vaste pièce du premier étage, d'assez triste aspect; mais ses peintures, d'un grand style, et qui respirent de hautes pensées, suffisent pour lui assurer une célébrité durable.

Magasin Pittoresque, 1851.

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