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samedi 28 juin 2014

Sceau de l'Université d'Angers.

Sceau de l'Université d'Angers
                au moyen âge.


L'ancienne Université d'Angers eut la même origine que la plupart des autres corps enseignants du moyen âge. Elle fut d'abord une école épiscopale. L'évêque du diocèse en avait la direction supérieure et la faisait régir par un maître. Peu à peu ce dernier s'affranchit des attaches de l'évêché. L'Université finit par n'avoir plus de sujétion de ce côté que pour la collation des grades, à laquelle présidait l'un des dignitaires du chapitre.
Le maître d'école d'Angers était parvenu à une complète indépendance au quatorzième siècle. Un docteur appelé Pierre Bertrand, qui était investi de cette fonction en 1373, changea les règlements anciens en ce qui concernait l'accession aux grades et la nomination des bedeaux ou appariteurs, office considéré alors comme de première importance. A la mort de ce Bertrand, l'Université devint une république administrée par un chef électif qui prit le nom de recteur. Les étudiants étaient distribués en nations, comme ceux de Paris. La première nation, par ordre de préséance, était celle d'Anjou, à laquelle furent agrégés les Tourangeaux et les étrangers de tous pays, Anglais, Allemands, Espagnols. Venaient ensuite les nations de Bretagne, du Maine, de Normandie, de Poitou, cette dernière comprenant les Gascons et les Languedociens.
En 1430, le grand nombre d'émigrés français qui étaient venus habiter l'Anjou pour se soustraire à la domination anglaise, détermina la création d'une sixième nation, qui fut la nation de France.
Quoique de toute ancienneté il y ait eu à Angers des cours de philosophie et des cours de grammaire, l'Université n'était que pour le droit civil et pour le droit canon. En 1448 seulement, des Facultés de théologie, de médecine, d'arts (autrement dit de belles-lettres), furent ajoutées à celles de droit par une bulle du pape Eugène IV.
L'ambition constante de l'Université d'Angers fut de se modeler sur celle de Paris, dont elle se faisait gloire d'être issue. L'unique fondement de cette prétention est qu'Angers, au treizième siècle, avait donné asile à une bande d'écoliers chassés de Paris à la suite d'une sédition de l'Université contre Blanche de Castille, régente du royaume pendant la première croisade de Saint-Louis.
De même que l'Université de Paris, celle d'Angers eut son Pré aux Clercs. On l'appelait Pré d'Allemagne, parce que cette propriété avait été donné à la corporation par un jeune seigneur allemand, étudiant à Angers.
La fréquentation des écoles d'Angers par des étudiants de langue germanique n'est pas un fait qui doive surprendre. Il se produisit assez fréquemment jusqu'à la fin du seizième siècle. Le premier personnage du nom de Schomberg qui se fit connaître en France était un étudiant huguenot qui fut pris les armes à la main dans une rue d'Angers, lors de la réduction de la ville par les troupes catholiques, en 1561.
Par un singulier retour des choses, l'Allemagne se trouve posséder aujourd'hui le seul exemplaire connu du sceau de l'Université d'Angers. Cet exemplaire, détaché de l'acte auquel il a servi de signe de validation, fait partie des collections du Musée royal de Berlin. Nous en donnons la gravure exécutée d'après un moulage en plâtre.



On peut considérer ce petit monument comme l'un des plus remarquable de son espèce. Il paraît avoir été gravé dans la première moitié du quinzième siècle, vers 1440. La composition, quoique très-compliquée, est distribuée de manière à rendre toutes les parties saisissables au premier coup d’œil, et le dessin, malgré l'exiguïté des personnages, se distingue par sa correction.
Une légende, en caractères gothiques, forme encadrement sur les deux tiers de la circonférence. Elle est ainsi conçue: Sigillum rectoris et universitatis studii andegavensis (Sceau du recteur et de l'Université des étudiants d'Angers).
Le champ est divisé en deux étages par un listel saillant que surmonte un portail gothique à cinq haies couronnées de dais et de pignons.
Dans la baie du milieu est un chevalier en selle armé de toutes pièces. Les baies de droite et de gauche sont remplies par deux évêques debout. Aux extrémités on voit des anges à mi-corps.
Les trois personnages du milieu sont des saints qui ont leur nom inscrits en caractères microscopiques sous la saillie du listel. On lit distinctement: S. Nicholaus et S. Mauricius. Le troisième nom, moins facile à déchiffrer, est selon toute probabilité, S. Maurilius. Saint Maurice était et est encore le patron de la cathédrale; saint Nicolas celui de la jeunesse; quant à saint Maurille, c'est l'un des apôtres de l'Anjou La constitution universitaire de Pierre Bertrand est datée de l'église de saint Maurille, collégiale dont la fondation passait pour avoir précédé celle de la cathédrale.
La partie inférieure du sceau représente deux groupes d'écoliers tournés chacun du côté d'un régent. Les deux professeurs sont assis en chaire et lisent un livre, conformément à l'ancienne et unique méthode d'enseignement, qui consistait à commenter les auteurs. Au milieu du sujet et pour en séparer les deux parties, est un personnage assis de face. C'est un bedeau, qu'on reconnaît à la masse qu'il tient de sa main gauche.

Magasin Pittoresque, 1877.

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