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samedi 31 août 2013

Chronique du journal du dimanche

Chronique du journal du Dimanche.

Quand donc une loi, bien solidement écrite dans le code, atteindra-t-elle les ivrognes ? En Russie, tout homme ou femme trouvé en état d'ivresse est contraint le lendemain à balayer les rues. Ce n'est pas assez; nous voudrions qu'une bonne petite journée de prison fût infligé à ces affreuses gens qu'on voit rouler sur le pavé, et qui sont les plus mortels ennemis du peuple, parce qu'ils déshonorent ses rangs. Voici un léger commencement:
Un ouvrier maçon, nommé Legrand, et dit Quinquin, étant ivre, est tombé dans l'Escaut, d'où on a retiré son corps près de Vieux-Condé.
Le curé, s'autorisant de la circulaire de l'archevèque de Cambrai, a refusé de recevoir à l'église le corps de cet homme, que son état d'ivresse mettait plutôt au nombre des bêtes brutes que des chrétiens.
Là-dessus, les habitants de Condé ont improvisé au mort une petite cérémonie funèbre. Ils ont mis le cercueil devant la niche d'une Vierge creusée à la facade d'une maison; ils ont agité la sonnette de ladite maison et chanté des litanies; puis ils emporté Quinquin dans une fosse creusée pour lui, en dehors du cimetière.
Le curé avait mal fait de lui refuser la sépulture, parce que l'intolérance religieuse à toujours tort, et que tous les morts sont des morts; mais ce sont les ivrognes vivants contre lesquels il faudrait exercer une sainte justice.

Il faut convenir que nos voisins les Anglais ont de singuliers goûts pour leurs spectacles; en voici deux exemples.
L'affiche suivante a été placardée avec profusion aux dernières courses de Wilmslow:
"John Fletcher, tenant l'hôtel de la Couronne, a l'honneur d'annoncer aux nombreuses personnes qui viennent aux courses qu'il s'est assuré les services de John Smith (le bourreau); il annonce aussi qu'il a été assez heureux pour se procurer, par l'entremise d'un ami, le moule exact des traits de William Palmer. Ainsi, le véritable bourreau et un homme portant la figure en cire de Palmer et le costume que celui-ci avait le jour de son exécution, donneront deux fois par jour la représentation du supplice du célèbre condamné sur un échafaud et avec une poutre élevée pour cet usage.
Prix d'entrée: Un shilling six deniers."
Maintenant, croirait-on qu'un autre spectacle anglais, et qui fait courir aujourd'hui toute la ville de Londres, est celui des puces savantes ?
Le sieur Johnson a dressé une vingtaine de sujets de cette espèce à obéir à la voix et à exécuter toutes sortes d'exercices. Quatre puces traînent un char, marchent et s'arrêtent au commandement; d'autres montent la garde, font l'exercice à feu; d'autres dansent des quadrilles. On est étourdi en songeant aux difficultés à vaincre pour apprendre seulement à des puces à marcher convenablement, à petits pas, au lieu de sauter commes des étudiants de la Closerie des Lilas, à se nourrir de viandes cuites, au lieu de s'énivrer de sang humain.

                                                                                                             Paul de Couder.


Journal du Dimanche, 16 novembre 1856. 


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