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jeudi 22 août 2013

Ce qu'on peut faire du marron d'Inde.

Ce qu'on peut faire du marron d'Inde.

Tout le monde sait avec quelle facilité pousse le marronnier d'Inde: un arbre adulte peut porter jusqu'à deux ou trois hectolitres de fruits. D'ordinaire ces marrons sont simplement jetés au fumier. Le marron d'Inde contient une grande quantité de fécule, des matières amylacées, pour employer le mot savant, en même temps qu'une substance analogue au savon, et aussi une huile. Malheureusement, cette huile et les matières savonneuses lui donnent un goût amer. On peut toutefois diminuer cette amertume en faisant cuire le marron à l'eau: et, dans ces conditions, on arrive à le faire accepter par les animaux, notamment par les vaches. La volaille, les moutons, les chevaux, le consommeront assez facilement; même les porcs, à condition qu'on le mélange à du son, à de la farine ou à des pommes de terre.
Mais cette fécule que contient le marron d'Inde a donné l'idée de l'utiliser pour l'alimentation humaine. Dès 1720, un magistrat de Montpellier, Bon, avait imaginé un procédé de traitement des marrons préalablement hachés dans une lessive de cendres de bois et de chaux, pour permettre d'utiliser la matière amylacée qu'ils contiennent. Parmentier, qui s'est toujours occuper des substances que l'on pourrait utiliser pour obvier à la rareté du blé dans les mauvaises années, était parvenu à retirer du marron d'Inde une fécule dont on pouvait faire du pain en l'ajoutant à la farine de froment. Le célèbre pharmacien Baumé a, lui aussi, imaginé une méthode analogue: la farine qu'il obtenait, il entendait qu'on l'utilisât non seulement dans l'alimentation, mais encore comme un succédané de la poudre de riz, pour poudrer les perruques. Ces diverses méthodes étaient si bien praticables, que, vers le commencement du dix-neuvième siècle tout au moins, il existait, dans l'Eure et dans l'Isère, un certain nombre d'usines extrayant la fécule du marron d'Inde. La fabrication était quelque peu analogue à celle de la fécule de pomme de terre. A Nanterre, M. de Callias avait installé une féculerie industrielle de marrons d'Inde; et, vers 1860, la fécule de marrons d'Inde se vendait, trouvait réellement à s'écouler à 52 francs le quintal, en concurrence avec la fécule de pommes de terre. Malheureusement, bien que les marrons d'Inde puissent s'acheter à très bas prix, il était difficile de s'en approvisionner; il fallait aller les chercher loin; et cela grevait lourdement le prix de la matière première. Si bien que la féculerie de Nanterre dut fermer ses portes.
Ajoutons, qu'à une certaine époque, en Flandre, à l'Abbaye d'Auchin, on a utilisé des marrons d'Inde pour fournir une huile, huile ressemblant assez à l'huile d'amande.

                                                                                                             Daniel Bellet.

Journal de la jeunesse, premier trimestre 1913.

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